Méditation sur Matthieu 26:52

« Remets ton épée à sa place, car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. »

Que veut dire exactement Jésus par ces paroles ? Quel en est le véritable sens ? Doit-on rester passif si sa famille, ses amis ou ses proches sont victimes de violences ? Que feriez-vous, en tant que chrétien, connaissant bien ce verset ? Resterez-vous impassible ? Il est donc important d’en comprendre le sens profond.

Pour certains croyants, cette parole signifie que, dans la « Nouvelle Alliance », toute justification du meurtre ou de la participation à la guerre est abolie, notamment en se fondant sur ce verset. Cela impliquerait la neutralité, la non-violence et le refus de participer à la défense de ses proches ou de son pays. Ce passage est ainsi cité comme une preuve d’un engagement actif en faveur de la non-violence. Ce verset est d’ailleurs souvent repris dans les discours chrétiens prônant la non-violence ou l’objection de conscience.

Cependant, pour bien le comprendre, il est indispensable d’en analyser le contexte. Situons-le donc : que s’est-il passé peu de temps auparavant ?

La Nouvelle Alliance vient d’être conclue ; la Loi mosaïque touche à sa fin, et une nouvelle ère s’ouvre. Nous sommes dans un contexte profondément religieux. Jésus, accompagné de ses fidèles apôtres, sort vers le mont des Oliviers, au jardin de Gethsémané. Une troupe de soldats romains, menée par le traître Judas, vient à sa rencontre. Judas se rend dans le lieu où Jésus avait coutume de prier, et Jésus sait déjà ce qui l’attend.

C’est alors qu’un événement survient, plongeant les disciples dans la stupeur : Pierre tire son épée pour défendre son Maître — une cause, une nouvelle façon d’adorer Dieu, une nouvelle religion. Mais Jésus lui répond : « Remets ton épée à sa place ; car tous ceux qui prendront l'épée périront par l'épée. Penses-tu que je ne puisse pas invoquer mon Père, qui me donnerait à l’instant plus de douze légions d’anges ? » (Matthieu 26:52-53).

Cela signifie que l’usage de l’épée — c’est-à-dire de la violence — n’est pas le moyen que Jésus autorise pour défendre sa cause. Désormais, la religion chrétienne n’autorise plus l’emploi des armes pour la défense de la foi, comme c’était le cas sous la Loi mosaïque.

C’est là le point essentiel : un chrétien ne recourt pas à la violence ni aux armes pour défendre sa foi. Cette idée est confirmée par le texte d’Apocalypse 13:10 : « Si quelqu’un est mené en captivité, il ira en captivité ; si quelqu’un est tué par l’épée, il faut qu’il soit tué par l’épée. C’est ici la persévérance et la foi des saints. »

Et c’est bien ce qui s’est produit durant les deux premiers siècles du christianisme : les chrétiens ont souffert le martyre, la persécution et la violence, sans répondre par la force. Pour beaucoup de croyants, cette parole marque un tournant décisif : le Christ inaugure une ère nouvelle, où la loi du talion pour défendre la foi chrétienne ne s’applique plus.

Mais alors, que faire aujourd’hui si notre famille, nos proches, nos enfants sont menacés ?
Ici, il ne s’agit pas de la défense de la foi, mais de la violence — voire de la barbarie — exercée contre les siens. Le principe de la justice ne doit pas être bafoué ; le bon sens et la charité s’unissent : rien n’interdit à un chrétien de protéger les siens.

La foi chrétienne ne signifie pas l’indifférence, encore moins la lâcheté. Elle signifie refuser la haine et la vengeance, même lorsqu’on se défend. Jésus n’interdit pas la protection du faible ; il pose le principe que la défense de la foi ne se fait pas par la violence, comme dans l’ancienne alliance, mais par des actes de sainteté. Il nous invite à être forts dans la paix, fermes dans la foi et courageux dans l’amour.

Pourquoi donc Jésus a-t-il demandé à ses disciples d’acheter des épées ? (Luc 22,47.52). Parce que Jésus allait donner une leçon magistrale pour les siècles à venir, leçon que nous avons décrite ci-dessus.

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