Ce livre poétique des Écritures hébraïques raconte l'amour indéfectible d'une jeune Shoulammite envers un berger, et les efforts infructueux du roi Salomon visant à conquérir l'amour de cette jeune fille. C'est une idylle allégorique et lyrique, dont le caractère dramatique est révélé par le dialogue et les situations imprévues.

Une Shoulammite (on peut également prononcer Sulamite) est une paysanne de la région de Shounem, ou Shoulem [la Soulam moderne].

“Le monde entier ne vaut pas le jour où ce Chant sublime a été donné à Israël.” C'est ainsi qu'Akiba, qui vécut au Ier siècle de n. è., exprimait à quel point il appréciait le Chant de Salomon. (Mischnah, 6ème Division sous "Yadaim", section 3, paragraphe 5).

Mais beaucoup de lecteurs n'éprouvent pas une telle considération envers ce livre, car il y a effectivement au moins deux façons de le lire :

En effet, le prophète Paul, remarquable enseignant, a déclaré sous inspiration divine : "  Mais l'homme physique ne reçoit pas les choses de l'esprit de Dieu, car elles sont une sottise pour lui ; et il ne peut pas parvenir à [les] connaître, parce que c'est spirituellement qu'on les examine. (1Corinthiens 2:14).

Ceux qui sont sincères dans leur étude du Livre Sacré reconnaissent qu'aucune portion du Livre inspiré (ce qui exclut bien évidemment les "apocryphes" ou livres "deutérocanoniques") ne doit sa présence à la bienveillance ou à la volonté humaine et par conséquent, qu'il s'agit d'un enseignement de la part du Divin Auteur des Saintes Écritures. Cet exposé va mettre en lumière la réalisation d'une remarquable prophétie et vous permettre d'approcher la symbolique biblique.

 

AUTHENTICITÉ

Au temps de Jésus, le Cantique des cantiques était reconnu par la communauté juive comme un des écrits inspirés, et il fut inclus dans le catalogue des manuscrits hébreux sacrés. Le livre fut également accepté par l'Assemblée chrétienne primitive comme une partie authentique des Écritures Saintes.

L'apôtre Paul incluait le Cantique des cantiques quand il déclara: "Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger, pour instruire dans la justice, afin que l'homme de Dieu soit accompli et propre à toute bonne oeuvre" (II Tim. 3: 16, 17).

Il fut composé par le roi Salomon (Ct 1:1; I Rois 4: 32) après la construction du magnifique temple élevé à Yahwah (heb: Yehwah) dans Jérusalem, après son mariage, mais avant ses actes d'infidélités, ce qui situe la composition de ce chant vers l'an 1010 avant notre ère, à une époque où Salomon avait 60 reines et 80 concubines (Ct 6:8). Précisons ici, que ce harem n'était pas approuvé par la Thora (Deutéronome 17:17). Quoiqu'il en soit, en tant que prophète, Salomon fut tout de même utilisé pour le rédiger.

 

CONTEXTE

Les oeuvres d'art sont généralement le couronnement du règne d'un roi. Elles sont très souvent associées à la richesse et à la culture. D'ailleurs, de nombreux rois et princes ont marqué leur règne en construisant des palais, en faisant venir des artistes, des peintres, des architectes. Ils ont favorisé des compositeurs qui ont influencé leur époque par des oeuvres telles que des requiems, des oratorios, des opéras, et bien d'autres choses encore.

Ainsi, et de manière assez générale, la culture et la paix sont associées à une période de prospérité. Il en fut de même à l'époque de Salomon, à ceci près, qu'en plus d'être un roi à la fois habile, cultivé, ingénieux et connaissant le labeur, il fut inspiré pour écrire ce chant .

C'est dans ce contexte historique, que ce cantique semblable à un opéra est né. Si vous le relisez en comprenant qu'il s'agissait d'une pièce en plusieurs actes jouée à Jérusalem, à proximité du temple, sur les marches du palais royal, alors celui-ci prendra pour vous une toute autre valeur.

À première lecture, la pièce peut sembler un peu décousue. Mais comprenez bien que les personnages arrivent sur l'estrade, et qu'une énigme et un enjeu sont présentés dans cet opéra. Tout cela se déroule sous vos yeux et doit marquer votre esprit. Après la fête, vous quitterez Jérusalem un peu perplexe quant à la signification prophétique de cette pièce.

 

DESCRIPTION

Environ un dixième de la Bible se compose de chants, les plus remarquables étant les Psaumes, le Chant de Salomon (celui que nous étudions, mais sous un autre nom) et les Lamentations. Bien que les Écritures parlent de chants profanes, de chants de mépris et de chants de séduction, la plupart de leurs références au chant - environ 300 - se rapportent au culte de Yahwah Dieu.

Le titre habituel "Cantique de Salomon" est une contraction du premier verset du livre, ainsi libellé: "Cantique des cantiques, de Salomon" ou "Le chant par excellence, qui est de Salomon". Ce titre est un superlatif d'excellence, comme "Dieu des dieux", "Seigneur des seigneurs", "Roi des rois", "cieux des cieux (les cieux les plus élevés), "le Saint des saints (le Très Saint)". Il est ici question d'un chant d'une beauté suprême, et non d'un hymne composé d'extraits de plusieurs cantiques.

 

LES PERSONNAGES ET L'INTRIGUE

Deux personnages principaux sont mis en évidence dans le cantique: un homme, Salomon, et une femme, la Shoulammite. Ces deux noms signifient "pacifique". "Shoulammite" ou "Sulamite" est tout simplement la forme hébraïque féminine de "Salomon" (Cant. 1: 5; 3: 7, 9, 11; 6: 10; 8: 11, 12).

Le livre peut être ainsi résumé:

 

LEVONS D'AUTRES OBSTACLES À SA COMPRÉHENSION

Le magnifique thème du Cantique des cantiques, c'est le véritable amour conjugal. Le sujet ainsi traité est sacré, et la manière sublimement poétique dont il est examiné, montre fort bien la franchise naturelle et la chaste beauté du symbolisme de la Bible. Les expressions de tendresse contenues dans le Chant de Salomon peuvent paraître très insolites au lecteur occidental, mais il ne faut pas oublier que la toile de fond de ce chant est l'Orient d'il y a environ 3000 ans.

Le berger appelle la Shoulammite son “épouse”. Que veut-il dire? Dans ce contexte, le mot hébreu callah signifie soit une fiancée juste avant le mariage, soit une jeune mariée (
The New Brown Driver, par Briggs et  Gesenius). Puisque le jeune berger l'appelle plusieurs fois sa callah, c'est que, de toute évidence, le couple projette de se marier. Par conséquent, leurs sentiments passionnés ne sont pas déplacés.

Est-il vrai que “la femme est nue la plupart du temps”? Évidemment, le texte ne décrit pas ses vêtements, mais cela signifie-t-il qu'elle n'en porte pas? À un moment, le berger dit à la jeune fille: “Tes yeux sont ceux des colombes, derrière ton voile.” (Cantique des cantiques 4:1). Puisqu'elle est voilée, elle semble avoir de la décence, non?

Que penser de l'affirmation “à un moment, elle proteste, car si son amant ne l'emmène pas dans sa chambre, il faudra qu'elle remette sa robe”? Le seul passage du livre qui mentionne sa robe, ou sa tunique, c'est le chapitre cinq. La Shoulammite décrit alors un rêve. Elle dit: “Je dors, mais mon cœur est éveillé.” Puis, elle raconte que, dans son rêve, son berger frappe à la porte de sa chambre, mais qu'elle refuse de lui ouvrir. Pourquoi? “J'ai retiré ma tunique. Comment puis-je la remettre? J'ai lavé mes pieds. Comment puis-je les salir?” Cet épisode montre sans aucun doute que la Shoulammite est pudique (Cantique des cantiques 5:2-6).

Ainsi le Cantique des Cantiques est un livre de la Bible d'un haut niveau moral. Si certains en déforment le sens, c'est parce que comme le dit l'apôtre Paul : “Tout est pur pour les purs. Mais pour les gens souillés et sans foi, rien n'est pur; au contraire, leur esprit et leur conscience sont souillés” (Tite 1:15).

 

SIGNIFICATION PROPHÉTIQUE

Beaucoup d'enseignants juifs sont restés perplexes quant à la signification de ce livre. Or, si l'on fait un parallèle avec le livre d'Ézéchiel pour lequel beaucoup d'érudits juifs sont également restés perplexes, on peut en déduire que sa réalisation est lointaine par rapport à sa période de rédaction (voir 1 Pierre 1:12). Les anciens Hébreux attachaient une signification symbolique au livre. Ils voyaient en la jeune fille une figure de l'Église juive (Église =  congrégation. Héb. : haqqahal ; gr. : ékklêsia.) depuis les jours du prophète Moïse.

D'autre part si l'on considère qu'il s'agit d'un chant sublime, d'un chant par excellence, ou le plus élevé des chants (expression que l'on peut mettre en parallèle avec cieux des cieux), on peut comprendre qu'il s'agit d'un chant d'élévation. S'il en est ainsi, la description prophétique que ce livre fait de l'amour qui se rapporte à l'attachement de deux personnes sur la base d'une promesse, serait à prendre dans son sens élevé c'est à dire de l'amour agapé.

Puisque la Bible est un livre en grande partie prophétique, il s'agirait d'une prophétie qui se rapporterait à des personnages symboliques. Les drames symboliques sont nombreux dans les Saintes Écritures. Lisez un exemple de ce genre en Genèse, chapitre 21 versets 8 à 21, puis voyez l'explication qu'en fait le prophète et apôtre Paul en Galates, chapitre 4 verset 24, qui concerne Sara et Agar, les deux épouses d'Abraham .

Si l'on rajoute à cela l'expression prophétique mentionnée au chapitre 8 verset 6: “Place-moi comme un sceau sur ton cœur, comme un sceau sur ton bras; parce que l'amour est fort comme la mort, la volonté d'être l'objet d'un attachement exclusif est inflexible comme le shéol. Ses flamboiements sont des flamboiements de feu, la flamme de Yah", il est aisé de faire le pas avec le sacrifice du Christ ("tout comme le Christ aussi vous a aimés et s'est livré lui-même pour vous comme une offrande et un sacrifice à Dieu en parfum d'agréable odeur". Éphésiens 5:2).

Dans la bible, lorsqu'il s'agit d'un langage qui est à la fois symbolique et prophétique, les femmes représentent souvent des organisations religieuses, alors que l'homme correspond à un pouvoir politique (peut-être parce qu'elles sont naturellement davantage attirées par les choses spirituelles, alors que l'homme le serait envers le pouvoir). Ainsi, Salomon qui est riche et influent, qui possède le pouvoir et qui est à la tête d'un harem, correspond à un personnage puissant et influent, il est l'époux c'est-à-dire qu'il possède beaucoup d'organisations. Ce roi puissant, riche et attirant, souhaite user de toute sa persuasion et de tout son charme pour s'approprier une jeune femme déjà promise en mariage. Nous comprenons à la lumière de ce que dit l'apôtre Paul, en 2 Corinthiens chapitre 11 versets 1 à 4, que l'épouse correspond ici à la congrégation chrétienne. C'est que confirme Jacques dans sa lettre, au chapitre 4 verset 4, qui s'adresse à toutes les congrégations et les compare à des femmes.

Revenons à Salomon. Il va même jusqu'à placer la jeune femme dans son palais, un endroit éloigné de son pays où elle ne peut contempler le charme de son fiancé, afin que ce qui fait les délices de son cœur ne l'accapare plus et que le roi de Jérusalem la prenne en mariage.

Ce qui signifie que la Congrégation chrétienne, celle à qui l'apôtre Paul s'adresse, serait comme séparée de son berger. Et c'est effectivement ce qui s'est passé durant la période des ténèbres, avec quelques apparitions furtives de celui-ci au cours de l'histoire, ce qui correspond à des périodes de lumières spirituelles et par conséquent à un rapprochement avec le berger (Jean 9:4-5; 8:12; 14 :17-19).

Comme Le Livre Sacré a été rédigé pour annoncer le ministère et le royaume du messie et prophète Jésus (Luc 24 :27; Actes 10 : 43 ; Révélation 19:6), il nous place devant un drame symbolique et prophétique d'une portée universelle. Ainsi, ce chant évoque la vie de la véritable congrégation chrétienne promise en mariage, et convoitée. Elle est protégée par ses frères, qui selon le texte de Révélation chapitre 12 verset 10, représentent les anges, jusqu'à ce que symboliquement, elle tienne par la main le fidèle berger Jésus Christ lors du mariage nuptial (Matthieu 9:15; 25 :1). Écrivant à l'assemblée chrétienne du premier siècle, l'apôtre Paul parle de certains Israélites qui se détournèrent de l'amour de Yahwah Dieu, et il dit. "Ces choses leur sont arrivées à titre d'exemples et elles furent écrites comme avertissement". Un avertissement à qui? "A nous sur qui les fins accomplies des systèmes de choses sont arrivées" (I Cor. 10: 11).

 

UN AUTRE ENSEIGNEMENT

S'il était un autre enseignement de ce livre, il pourrait être le suivant : c'est que dans son amour et son impartialité, Dieu fait honte aux "choses sages de ce monde". Voici ce que le prophète et enseignant Paul déclare sous inspiration : "Car vous voyez votre appel, frères : qu'il n'y a pas beaucoup de sages selon la chair qui ont été appelés, pas beaucoup de puissants, pas beaucoup de gens de haute naissance; mais Dieu a choisi les choses sottes du monde pour faire honte aux sages; et Dieu a choisi les choses faibles du monde pour faire honte aux fortes; et Dieu a choisi les choses sans distinction du monde et celles qu'on méprise, celles qui ne sont pas, pour réduire à rien celles qui sont, afin que nulle chair ne se glorifie en présence de Dieu" (1 Corinthiens 1:26-29).

"Je suis noire, mais jolie, ô filles de Jérusalem, comme les tentes de Qédar, [et pourtant] comme les toiles de Salomon. Ne me regardez pas parce que je suis basanée, parce que le soleil m'a aperçue. Les fils de ma mère se sont mis en colère contre moi ; ils m'ont établie gardienne des vignes..." (Chant de Salomon 1:5-6). Je suis un simple safran de la plaine côtière, un lis des basses plaines" (Chant de Salomon 2:1).

 

 


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