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Les âmes dans le monde souterrain, selon les égyptiens |
"L’ENFER", explique la Nouvelle
Encyclopédie catholique (angl.), est le terme "utilisé pour
désigner l’endroit où sont les damnés". Une encyclopédie protestante
définit l’enfer comme "le lieu où seront châtiés les
méchants".
Environ 2 000 ans avant la naissance de Jésus,
les Sumériens et les Babyloniens croyaient en un monde souterrain qu’ils
appelaient "la terre sans retour". Cette ancienne croyance se reflète
dans les poèmes sumériens et akkadiens connus sous le titre d’"Épopée
de Gilgamesh" et de "Descente d’Ishtar aux enfers". Leur
description de ce séjour des défunts est celle d’une maison obscure,
"la maison que personne ne quitte après y être entré".
Quant aux conditions qui régnaient dans ce
lieu, un texte assyrien ancien affirme que "le monde d’en bas était
rempli de terreur". Le prince assyrien, prétendant avoir reçu une vision
de ce séjour souterrain des morts, racontait qu’il avait eu les "jambes
qui tremblaient" à cause de ce qu’il avait vu. Décrivant Nergal, le roi
des enfers, il racontait: "Il m’a lancé un cri féroce, un rugissement
de colère qui a grondé comme un orage furieux."
Mais que veut dire le mot "enfer"?
C'est le mot par lequel des versions françaises de la Bible
rendent, parfois ou toujours, le terme hébreu she´ôl et le terme grec
haïdês. Dans la Traduction Œcuménique de la Bible, le mot "enfers" rend
she´ôl 29 fois. Mais
ce mot n’est pas systématiquement traduit ainsi, puisqu’on trouve aussi
"séjour des morts", "fosse" et "mort". D’autres versions modernes
réservent le mot "enfer" à la traduction du grec géénna, que la
majorité des autres versions transcrivent "géhenne".
Un dictionnaire (Vine’s Expository Dictionary
of Old and New Testament Words, 1981, vol. 2, p.
187) fait ce commentaire sur l’emploi du mot "enfer" pour traduire ces
termes originaux hébreu et grec : "HADÈS [...] correspond à "shéol"
dans l’A.T. (Ancien Testament). Dans l’A.V. (Authorized Version)
de l’A.T. (Ancien Testament) et du N.T. (Nouveau Testament), ce terme a été
rendu de manière peu heureuse par "enfer"".
Une encyclopédie (Collier’s Encyclopedia, 1986, vol. 12, p.
28) dit à propos de l’“Enfer” : “D’abord il correspond à l’hébreu
shéol de l’Ancien Testament et au grec hadès de la Septante et du Nouveau
Testament. Comme à l’époque de l’Ancien Testament shéol désignait
simplement le séjour des morts et ne sous-entendait pas de distinctions d’ordre
moral, le mot "enfer", tel qu’il est compris aujourd’hui, n’est pas
une traduction heureuse”.
Si le mot "enfer" traduit ces termes bibliques originaux de façon si
peu satisfaisante, c’est en fait en raison de ce qu’il évoque aujourd’hui.
Concernant le mot français “enfer”, le Dictionnaire historique de la langue
française (par A. Rey, Paris, 1992,
vol. 1, p. 691) explique que ce mot “vient de l’adjectif latin classique infernus
‘du bas, d’un lieu inférieur’ ”. À l’origine, par conséquent, le
mot "enfer" n’évoquait pas la chaleur ou les tourments, mais simplement
un "lieu en bas, en dessous".
Aujourd’hui, le sens donné au mot "enfer" est celui que mettent en
scène Dante dans la Divine Comédie et J. Milton dans Paradis perdu. Cette signification qui est complètement étrangère au Livre
Sacré se retrouve aussi bien dans le bouddhisme, le taoïsme, l'hindouisme, ou
l'islâm. Comme nous le verrons, l’idée de tourments dans un “enfer” de feu précéda de beaucoup Dante et Milton. Une encyclopédie (Grolier
Universal Encyclopedia, 1971, vol. 9, p. 205) déclare à l’entrée
“Enfer” : "Les hindous et les bouddhistes voient l’enfer comme un
lieu de purification spirituelle qui aboutit à un rétablissement final".
La
tradition islamique le considère comme "un lieu de punition éternelle". La
notion de souffrance après la mort figure parmi les enseignements religieux
"païens" des anciens peuples babylonien et égyptien. Les croyances babyloniennes
et assyriennes décrivaient “le monde d’en bas [...] comme un lieu plein d’horreurs,
[...] dominé par des dieux et des démons particulièrement puissants et
violents”. Les textes sacrés de l’Égypte antique, bien que n’enseignant
pas que les victimes brûlaient à jamais, voient bel et bien dans l’autre-monde
"des brasiers réservés aux morts-errants" ( The Religion of Babylonia and
Assyria, par Morris
Jastrow Jr, 1898, p. 581 ; Le livre des morts des anciens Égyptiens, par P. Barguet, Paris, 1967, p. 102, 104, 131,
195, 200, 201, 219).
Les Juifs et les Écritures hébraïques
Qu’en était-il des Juifs avant l’époque de
Jésus? À leur sujet, nous lisons dans l’Encyclopédie
britannique (1970): "À partir du Vème siècle av.
J.-C., les Juifs ont été en contact étroit avec les Perses et les Grecs, deux
peuples qui avaient des idées élaborées sur l’au-delà. (...) À l’époque
du Christ, les Juifs avaient acquis la croyance que les âmes méchantes
étaient punies dans la Géhenne après la mort." Toutefois, l’Encyclopædia
Judaica affirme: "On ne trouve dans les Écritures rien qui suggère
cette conception tardive de la Géhenne."
Cette dernière affirmation est exacte. Les
Écritures hébraïques ne laissent aucunement penser qu’après la mort l’âme
soit châtiée dans un enfer de feu. On doit cette doctrine effrayante aux
religions postdiluviennes de Babylonie, et non à la Bible. Ainsi la doctrine de la
chrétienté relative à un châtiment dans l’enfer a pris naissance chez les
premiers Babyloniens. Le concept de souffrances réparatrices dans un purgatoire
remonte quant à lui aux premières religions d’Égypte et d’Orient. Les limbes sont
inspirés de la mythologie grecque. Les prières et les offrandes pour les morts
étaient déjà des pratiques étrusques.
Ainsi la croyance à un enfer de feu ne provient pas de la
Bible! L'idée d'un enfer
de feu est contraire à la justice et à l'amour divin (Rom 6: 7,23). Puisque
les croyances rattachées à l’enfer en tant que lieu de
tourments diffament Dieu, elles doivent avoir pour origine le principal calomniateur de Dieu,
le Diable (dont le nom signifie “calomniateur”), celui que Jésus a appelé
“le père du mensonge” (Jean 8:44).
Compléments |
L'enfer selon le bouddhisme
Durant toute son existence un
individu peut sentir cette effroyable épée de Damoclès suspendue au dessus de
sa tête. Au sujet de ce lieu l’Encyclopædia Universalis affirme: "Il existe d’innombrables descriptions des
vingt et un enfers imaginés par les Hindous. Les pécheurs sont dévorés par
des bêtes fauves et par des serpents, ils sont laborieusement grillés,
sectionnés au moyen de scies, tourmentés par la soif et la faim, bouillis dans
de l’huile ou broyés au pilon, moulus dans des vases de fer ou de pierre".
Ici encore la notion d'une âme immortelle et la crainte qui y est rattachée
-que celle-ci fasse un séjour plus ou moins prolongé en des lieux
désagréables- a été et est encore un excellent instrument pour soumettre des
peuples sous la férule d'une caste de prêtres.
L'enfer selon le
Coran
D’après le Coran (Qur´ an), les
âmes ont deux différentes destinées éternelles (car il existe une destinée
intermédiaire et temporelle à la manière d'un purgatoire), soit un jardin paradisiaque ou le châtiment
dans un enfer brûlant. On lit dans le Coran : “Ils demanderont quand sera
le jour du jugement, Le jour où ils seront éprouvés par le Feu. (Il leur sera
répondu): ‘Goûtez (maintenant) votre épreuve!’” (Sourate 51:12-14).
“[Aux Infidèles] un tourment en la Vie Immédiate. Certes, le Tourment de la
[Vie] Dernière est plus pénible et ils n’ont point, contre Allah, de
protecteur.” (Sourate 13:34).
La question est posée: “Et qui te
fera connaître ce que c’est? C’est un feu ardent.” (Sourate 101:7, 8).
Ce sort funeste est décrit en détail: “Ceux qui auront été incrédules en
Nos Versets, Nous leur ferons affronter un Feu [et], chaque
fois que leur peau sera desséchée, Nous la leur changerons par une autre, afin
qu’ils goûtent le Tourment [en éternité]. Allah est puissant et sage.”
(Sourate 4:56).
Une autre description précise: “En vérité, l’Enfer
est une embuscade: (...) Ils y demeureront longtemps. Ils n’y goûteront ni
fraîcheur, ni boisson, si ce n’est de l’eau bouillante et du pus (des
réprouvés)” (Sourate 78:21, 23-25).
70:15. Mais rien [ne le sauvera]. [L'Enfer] est un brasier
19:70. Puis nous sommes Le meilleur à savoir ceux qui méritent le plus d'y
être brûlés.
L'enfer selon d'autres religions
Dans la croyance babylonienne et assyrienne des temps antiques, l’“enfer
(...) est dépeint comme un lieu plein d’horreurs où dominent des dieux et
des démons particulièrement puissants et violents” (The Religion of Babylonia
and Assyria, Boston, 1898, de Morris
Jastrow Jr., p. 581). L’enfer de feu de la chrétienté a ses origines dans la
religion de l’ancienne Égypte (The Book of the Dead,
New Hyde Park, New York, 1960, préfacé par E. Wallis Budge, pp. 144, 149, 151,
153, 161). Le bouddhisme, qui remonte au VIème
siècle avant notre ère, en est venu à enseigner l’existence d’un enfer
brûlant et d’un enfer froid (The Encyclopedia Americana,
1977, tome XIV, p. 68).
Les enfers grec, étrusque et romain
Les Grecs de l’Antiquité croyaient en la
survivance d’une âme (psukhê, mot désignant aussi le papillon). Pour
eux, le royaume des morts s’appelait Hadès et il était dirigé par un dieu
du même nom. Dans son livre Orpheus—Histoire générale des religions, l’homme de lettres français Salomon Reinach
écrit sur les Grecs: "Une croyance répandue veut [que l’âme]
pénètre dans les Enfers, après avoir passé le fleuve infernal du Styx sur la
barque du vieux nocher Charon, qui exige, pour prix du passage, l’obole
[pièce] qu’on place dans la bouche du mort. Aux Enfers, elle paraît devant
les trois juges de ce lieu (...); condamnée pour ses crimes, elle souffrira
dans le Tartare (...). On avait même imaginé des limbes, séjour des
âmes des enfants morts tout jeunes, et un Purgatoire où des traitements peu
rigoureux purifiaient les âmes." Selon une encyclopédie (The World
Book Encyclopedia), les âmes qui finissaient dans le Tartare
"subissaient un tourment éternel".
En Italie, les Étrusques, dont la civilisation
a précédé celle des Romains, croyaient aussi à un châtiment après la mort.
Le Dictionnaire des religions déclare: "Le soin
extrême que mettaient les Étrusques à s’occuper de leurs morts s’explique
par leur conception des enfers, qu’ils concevaient, à l’exemple des
Babyloniens, comme un lieu de torture et de désespoir pour les mânes [esprits
des morts]: le seul adoucissement à leur sort venait des offrandes
propitiatoires de leurs descendants." Un autre ouvrage de référence
précise: "Les tombes étrusques représentent des scènes d’horreur qui
ont inspiré les peintres chrétiens de l’enfer". "Des peintures de l’enfer que l’on peut voir en
Italie, dans certaines églises catholiques, sont d’inspiration étrusque"
(La civiltà etrusca. Milan, 1979; de Werner Keller, p. 389).
Les Romains ont adopté l’enfer étrusque, qu'ils ont appelé
Orcus ou Infernus. Ils empruntèrent également les mythes grecs concernant
Hadès, le roi de ce lieu souterrain, en l’appelant Orcus ou
encore Pluton.
Étude et commentaires du Livre Sacré https://le-livre-sacre.org |