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Le premier porte-parole humain de Dieu fut Adam, qui communiqua les instructions divines à Ève. Vu sous cet angle, il tint le rôle d’un prophète. Les instructions portaient sur le présent (le leur), et aussi l’avenir, puisqu’elles définissaient le dessein de Dieu à l’égard de la terre et de l’humanité, ainsi que la conduite à suivre pour connaître un avenir heureux (Gn 1:26-30; 2:15-17, 23, 24; 3:1-3). Le premier prophète humain fidèle mentionné fut Hénok, fils de Jéred, un homme de la septième génération après Adam (Gen. 5: 18-24). La substance des prophéties d'Hénoc nous est résumée par l'écrivain chrétien Jude en ces termes: «Voici, le Seigneur est venu avec ses saintes myriades, pour exercer un jugement contre tous, et pour faire rendre compte à tous les impies parmi eux de tous les actes d'impiété qu'ils ont commis et de toutes les paroles injurieuses qu'ont proférées contre lui des pécheurs impies» (Jude 14,15). Il n'est pas établi comment Hénoc, si tôt dans l'histoire humaine, reçut ces révélations, si ce fut par des visions, ou par des songes, ou par d'autres opérations de l'esprit de Dieu. Hénoc exerçait la foi en Dieu et se gardait pur du monde impie qui l'environnait, si bien que nous lisons: «Hénoc marcha avec Dieu; puis il ne fut plus, parce que Dieu le prit». Ici, les Écritures semblent indiquer, que pendant qu'Hénoc était en extase devant une vision, Dieu le retira du contact du monde impie et le retrancha de cette vie (Gen. 5: 24; Héb. 11: 5, 6).
Plus tard, Lamek et son fils Noé proclamèrent l’un et l’autre des révélations inspirées concernant le dessein de Dieu et sa volonté (Gn 5:28, 29; 9:24-27; 2P 2:5).
Dieu parla à Noé, l'avertit du déluge et l'instruisit en vue de construire l'arche. Comment donc au juste? Le récit de Moïse ne nous a pas révélé si ce fut par une vision, ou par une impression invisible et intime sur l'esprit de Noé, ou par un ange lui parlant d'une façon invisible ou non.
Le premier à être appelé navi´ est Abraham (Gn 20:7). Dieu lui avait donné un message, une promesse prophétique. Moïse ne nous a pas révélé comment Dieu parla précisément à Abraham dans le pays d'Ur en Chaldée, lui ordonnant de quitter ce pays pour aller dans une terre inconnue afin d'y recevoir une bénédiction qui affecterait tout le reste de l'humanité. Selon certains, Abraham se sentit probablement excité, poussé à s’exprimer à ce sujet, surtout devant sa famille, pour expliquer pourquoi il quittait Our et quelle promesse Dieu lui avait faite (Gn 12:1-3; 13:14-17; 22:15-18). Selon l'auteur, il est plus probable que Sem, fils de Noé, ait agit comme de coutume prophétique, c'est à dire qu'il a parlé au nom de YHWH pour Abram (et aussi son père), afin que celui-ci identifie vraiment que c'est le VRAI Dieu qui l'appelait. C'est ce que l'on peut comprendre par les phrases : "Yahvé dit à Abram", car c'est le mode d'expression des prophètes. Jusqu'à ces phrases:"Yahvé apparut à Abram", où Dieu parle directement à son serviteur.
Plus tard, des messagers, des anges de Dieu, sont apparus à Abraham sous une forme humaine. Ils lui parlèrent et lui donnèrent des instructions prophétiques sur la destruction de Sodome et de Gomorrhe, ainsi que sur la naissance de son fils Isaac.
Dans un songe, Dieu du au roi philistin Abimélec "Abraham était un prophète" (Gen. 20:1-7). De la même manière, Isaac et Jacob, les héritiers de la promesse, furent des «prophètes» qui communiquaient intimement avec Dieu (Ps 105:9-15). Qui plus est, ils prononcèrent l’un et l’autre sur leurs fils des bénédictions à caractère prophétique (Gn 27:27-29, 39, 40; 49:1-28).
Jacob, le petit-fils d'Abraham, eut un songe inspiré. Des anges lui apparurent et lui parlèrent. Dans ce songe, il vit une échelle allant de la terre jusqu'au ciel avec des anges y montant et y descendant, Dieu se tenant au sommet. Dans ce songe Dieu prononça une prophétie sur Jacob en disant: «La terre sur laquelle tu es couché, je vais te la donner, ainsi qu' à ta postérité. Et ta postérité deviendra vraiment comme les particules de poussière de la terre; tu t'étendras à l'occident et à l'orient, au septentrion et au midi; et tooutes les familles de la terre seront bénies en toi et en ta postérité» (Gen. 28: 11-16). Lors de ce songe, Jacob avait plus de 70 ans, mais il vécut jusqu'à l'âge de 147 ans. A la fin de sa vie, Jacob prononça sur son lit de mort sa bénédiction (prophétique) d'adieu sur ses douze fils, Jacob prononçant les paroles que l'esprit de Dieu lui dictait (Gen. 49: 1-33). Par le psalmiste, Dieu parla d'Abraham, d'Isaac et de Jacob en disant «mes oints», mes «prophètes», à cause du travail spécial qu'il avait assigné à ces saints hommes (Ps 105:9-15).
Joseph le fils que Jacob aimait spécialement, reçut deux songes prophétiques qui, racontés à ses dix demi-frères, éveillèrent leur jalousie. Ils parlèrent de lui avec sarcasme comme d'un «faiseur de songes». Près de vingt ans passèrent, Joseph était un jeune homme d'une trentaine d'années, les deux songes s'étaient réalisés, le père de Jacob et les dix frères ayant participé à leur accomplissement. Cela prouve que ces songes n'étaient pas des agitations nocturnes, fébriles, mais furent inspirés dans le cerveau de Joseph par l'esprit saint de Dieu. Auparavant, Joseph interpréta les songes de Pharaon qui dépeignaient la venue d'une terrible famine de sept ans sur l'Égypte et maints autres endroits de la terre. Avant d'expliquer ses songes, Joseph dit: «N'est-ce pas à Dieu qu'appartiennent, les interprétations?... Ce n'est pas moi, c'est Dieu qui donnera une réponse favorable à Pharaon» (Gen. 37: 1-19; 40: 8; 41: 16, 25,28, Crampon).
Dans le cas des l'échanson, du panetier, et de Joseph, à un songe prophétique n'est pas nécessairement associé son interprétation (on peut constater cela avec le prophète Daniel et Nébucadnezzar ). La réalisation des interprétations des songes par Joseph prouve non seulement qu'il était sous l'inspiration de l'esprit de Dieu lorsqu'il les expliqua, mais aussi de discerner un concept qui est le suivant: le songe prophétique sert l'homme ou son entourage (édification, encouragement, préparation, etc.), son interprétation sert le plan divin, car elle met en lumière un certain nombre d'éléments que nous verrons plus loin. A ce point de notre discussion, il est même possible de dire que l'interprète (véritable) réalise un aspect particulier du dessein divin.
C'est par l'usage de songes et d'interprétations inspirés que Joseph devint un vrai prophète. Ainsi que cela est établi en Nombres 12: 6, Dieu parla à Joseph dans des songes et par leur interprétation. Il est ainsi prouvé que l'inspiration s'opère par divers moyens et que, dans les temps anciens, les songes furent au nombre des procédés choisis et approuvés de Dieu pour inspirer ses serviteurs (I Rois 3: 5-15).
Plus tard, à l’exception de Job et d’Élihou (descendants d'Abraham) et de Balaam fils de Béor à Pethor (peut-être fils d'un exilé Édomite), tous les vrais prophètes furent pris d’entre les descendants de Jacob (les Israélites) jusqu’au premier siècle de notre ère.
Avec l'alliance mosaïque et Moïse, le rôle du prophète se précise.
Le prophète est un porte-parole de Dieu comme cela ressort de l’épisode où YeHWaH fit d’Aaron un «prophète», c'est à dire une «bouche», pour Moïse, lequel servit de Dieu à Aaron (Ex 4:16; 7:1, 2). Moïse prédit de nombreux événements devant les Égyptiens, comme les dix plaies qui se réalisèrent à court terme. Mais aussi, il servit de prophète, c'est à dire de porte-parole de Dieu, lorsque l’alliance de la Loi fut transmise au Sinaï. "Parle avec nous, toi, et que nous écoutions, mais que Dieu ne parle pas avec nous, de peur que nous ne mourions" (Ex 20:19).
Moïse fut un prophète hors du commun, car il était en communication intime et souvent réciproque avec Dieu, et parce qu’il fut employé à transmettre un très grand complément d’information sur la volonté et le dessein de YeHWaH (Ex 6:2-8; Dt 34:10). Son frère et sa sœur, Aaron et Miriam, servirent aussi de prophètes en ce sens qu’ils transmirent des messages ou des conseils de Dieu (mais pas forcément des prédictions), ce qui fut aussi le cas de 70 anciens de la nation (Ex 15:20; Nb 11:25; 12:1-8).
À l’époque de Samuel, «la parole de YeHWaH était devenue rare [...]; il n’y avait pas de vision qui se répandait». Dès son enfance, Samuel servit de porte-parole de Dieu, et l’accomplissement des messages divins amena tout le monde à reconnaître qu’il était «accrédité pour la fonction de prophète de YeHWaH» (1Sam 3:1-14,18-21).
Avec la fondation de la monarchie apparaît une ligne presque ininterrompue de prophètes (voir Ac 3:24). Gad commença à prophétiser avant la mort de Samuel (1S 22:5; 25:1). Le prophète Nathân et lui furent de grandes figures au cours du règne de David (2S 7:2-17; 12:7-15; 24:11-14, 18). Ces deux hommes, et d’autres prophètes par la suite, servirent de conseillers du roi et d’historiens (1Ch 29:29; 2Ch 9:29; 29:25; 12:15; 25:15, 16). David lui-même fut utilisé pour transmettre certaines révélations divines et l’apôtre Pierre le qualifie de «prophète». (Ac 2:25-31, 34.) Après la scission du royaume, il y eut des prophètes fidèles en activité dans le royaume du Nord et dans celui du Sud. Parmi les prophètes de l’Exil et d’après l’Exil on peut citer Daniel, Haggaï, Zekaria et Malaki.
Les prophètes jouaient un rôle essentiel dans la préservation du vrai culte
Leur activité avait un effet modérateur sur les rois d’Israël et de Juda, car ils reprenaient courageusement les souverains qui s’égaraient (2S 12:1-12) et annonçaient les jugements de Dieu contre ceux qui pratiquaient la méchanceté (1R 14:1-16; 16:1-7, 12). Quand la prêtrise dévia et fut atteinte par la corruption, les prophètes furent le moyen par lequel YeHWaH fortifia la foi d’un reste juste et indiqua à ceux qui s’étaient égarés comment regagner sa faveur. Tout comme Moïse, les prophètes furent souvent des intercesseurs: ils priaient Dieu en faveur du roi et du peuple (Dt 9:18-29; 1R 13:6; 2R 19:1-4; voir aussi Jr 7:16; 14:11, 12). Ils étaient particulièrement actifs en temps de crise ou de grand besoin. Ils donnaient espoir en l’avenir, car parfois leurs messages prédisaient les bienfaits qu’apporterait le gouvernement du Messie. De cette manière, ils furent utiles non seulement à leurs contemporains, mais encore aux générations après eux jusqu’à ce jour (1P 1:10-12). Toutefois, dans leur tâche ils essuyèrent de grands outrages, des moqueries et même des agressions physiques (2Ch 36:15, 16; Jr 7:25, 26; Hé 11:32-38). En revanche, ceux qui leur firent bon accueil reçurent des bienfaits (1R 17:8-24; 2R 4:8-37; voir aussi Mt 10:41).
Hommes inspirés
Les cinq livres rangés actuellement au début de la Bible, à savoir Genèse, Exode, Lévitique, Nombres et Deutéronome, plus le livre de Job, furent rédigés par le prophète Moïse. Lorsque Dieu s'adressa au frère et à la soeur de Moïse, il leur dit: «Ecoutez bien mes paroles: si vous avez quelque prophète de Jéhovah, c'est en- vision que je me révèle à lui, c'est en songe que je lui parle. Tel n'est pas mon serviteur Moïse; il est reconnu fidèle dans toute ma maison. Je lui parle bouche à bouche, en me faisant voir, et non par des énigmes, et il contemple la figure de Jéhovah. Pourquoi donc n'avez vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre Moïse? » ( Nomb 12: 6-8, Crampon).
Moïse, en tant que prophète, a occupé une position privilégiée, à cause de l’œuvre spéciale qu'il devait accomplir. Aussi, dans cette oeuvre, Moïse a été le type prophétique d'un plus grand prophète que lui: "le grand-Moïse". C’est ainsi qu'il dit aux Israélites: «ton Dieu, te suscitera du milieu de toi, d'entre tes frères, un prophète tel que moi: vous l'écouterez. C'est ce que tu as demandé à Jéhovah, ton Dieu, en Horeb, le jour de l'assemblée, en disant: «Que je n'entende plus la. voix de Jéhovah, mon Dieu, et que je ne voie plus ce grand feu, de peur de mourir» (...). Je leur susciterai du milieu de leurs frères un prophète tel que toi; je mettrai mes paroles dans sa bouche, et il leur dira tout ce que je lui commanderai. Et si quelqu'un n'écoute pas mes paroles qu'il dira en mon nom, c'est moi qui lui en demanderai compte» (Deut. 18 :15-19, Crampon) .
L'apôtre Pierre, un de ces israélites, identifia ce grand prophète qui devait être semblable à Moïse, et il le désigna comme étant Jésus-Christ (Actes 3: 19-26). Il s'ensuit donc que: si Moïse fut inspiré et si Dieu lui révéla directement sa volonté, de même Jésus-Christ sur la terre fut inspiré et reçut directement et personnellement la révélation de la volonté divine. Lors du baptême de Jésus, Jean le baptiseur reçut le témoignage que celui qu'il venait de baptiser avait désormais l'esprit de Dieu. L'esprit saint ou force active de Dieu descendit sur lui sous la forme d'une colombe. Désormais, Jésus devenu le Christ ou oint ou encore messie, allait se laisser conduire par l'esprit de Dieu (Marc 1:12). L'apôtre saint Jean écrira plus tard : «Celui que Dieu a envoyé dit les paroles de Dieu, parce que Dieu ne lui donne pas l'esprit avec mesure. Le Père aime le Fils, et il a remis toutes choses entre ses mains» (Mat. 3: 13-17; Jean 1: 23-34 et 3: 34, 35). Par cet esprit donné sans mesure à Jésus-Christ, Dieu le Père put agir sur son Fils bien-aimé et l'inspirer, et c'est ce qu'il fit.