Le rôle de la croyance |
Se serait se faire une idée caricaturale de la prière, si on n'y voyait que l'expression d'un besoin désigné et transmis à une instance supérieure à fin de satisfaction. S'il est vrai que beaucoup de personnes ont recours à ce genre de requête, associé à ce besoin, on rencontre également le recours ou l'intercession entre le soumis et son dieu, encouragé par la croyance.
Une crainte superstitieuse sera d'ailleurs très tôt entretenue envers une puissance impersonnelle qui doit être crainte, célébrée, voire conjurée. Dans l'antiquité, c'est par ce biais que l'oppression sera exercée par des classes de prêtres. La peur entretenue (la peur au ventre disent certains), il sera nécessaire d'avoir l'approbation des religieux qui prieront la divinité, ceux-là mêmes qui consomment les offrandes en plus des dîmes.
Il est important de faire remarquer qu'il n'y a pas d'ambiguïté entre les mentalités primitives comme par exemple les hiérophanies ouraniennes (dont le support sensible est la voûte céleste), qui croient en l'existence "d'un Être divin céleste, créateur de l'univers, garant de la fécondité de la terre"; et d'autre part, le Dieu révélé de Sem ou d'Abraham. L'un est mêlé de mysticisme, de mythologie et d'erreurs grossières, alors que l'autre est dégagé de toutes ces impuretés.
Les grandes religions ont sur ce point des croyances fermes mais non dénuées de nuances. Si l'on considère l'hindouisme, et selon l'époque, d'un brahman créateur et bienfaiteur à un impassible brahman (révélateur d'une prêtrise déçue) par exemple, on ne sera pas peu surpris de voir les interprétations demeurer hésitantes. A ce sujet, il est d'ailleurs très révélateur de constater que la Trinité (révélation du Divin en trois personnes) n'est pas une doctrine chrétienne, car elle a été enseignée bien avant par les prêtres babyloniens et égyptiens.
Le bouddhisme, né, au Vème siècle avant l'ère chrétienne, d'une réaction contre la prolifération des divinités dans l'hindouisme populaire, se désintéresse de la nature métaphysique de la réalité ultime. Ce qui est certain, c'est qu'en dehors des prières adressées au bouddha lui-même, plus ou moins divinisé, ou aux bodhisattvas dans le Grand Véhicule, l'exercice principal du bouddhisme est centré sur la méditation, la réalisation du vide intérieur, ou la concentration de l'esprit pour obtenir la suppression de la souffrance.
Les religions révélées, le judaïsme et le christianisme, professent le caractère éminemment personnel de Dieu, qui est justement perçu comme "Dieu vivant", comme celui qui le premier interpelle l'homme par une parole intelligible.
L'islam, une autre religion monothéiste, a connu en quelque sorte le problème inverse. La prière qui scande la journée du musulman est bien adressée à un Dieu personnel, mais, axée sur la reconnaissance de la grandeur de Dieu. Le soumis à Dieu (musulman) se plonge dans son dhikr qui est une prière rituelle ou litanie dans le dessein de rendre gloire à Dieu et d'atteindre la perfection spirituelle. Il est progressivement devenu une formule (lâ ilâh illâ'llâh, "il n'est pas d'autre Dieu que Dieu"; Allâhu akbar, "Dieu est le plus grand"; al-hamdu lî'llah, "louange à Dieu"; astaghfiru'llâh, "je demande pardon à Dieu") répétée à voix haute ou à voix basse dans les positions et avec les modes de respiration prescrits
Par conséquent, une grave question demeure posée au sujet de la prière. Aussi splendide que soit son lyrisme, aussi humanisante soit-elle, aussi noble, aussi raisonnable que soit cette attitude de l'homme devant Dieu : les hommes modelés par leurs croyances et leurs prières sont-ils aptes à transformer le monde pour la plus grande libération de l'homme?
«Le fatalisme des musulmans, l'indifférence des hindous à l'égard de leur propre état social, pour ne pas parler de ce christianisme du XIXème siècle où la piété servait à désamorcer la révolte des plus déshérités, ne donnent-ils pas à la question une force considérable? Tout croyant qui prie doit en percevoir le tranchant.
Les falsifications de la prière ont suffisamment été dénoncées pour que s'impose à chacun un examen lucide de ce qu'est en fait sa propre prière. La véritable réponse à l'objection viendra d'hommes de prière qui feront la preuve par leur vie que prière et raison, prière et action, prière et efficacité ne s'excluent pas nécessairement. De tels hommes, en fait, ont toujours existé. L'avenir de la prière est du côté de ceux qui manifesteront qu'elle est attitude de maturité, non d'infantilisme, et de responsabilité, non de désertion» (Encyclopaedia Universalis).
Il est clair que cette voie, qui peut mettre l'homme en relation avec Dieu, a subi l'influence des époques, des civilisations et par conséquent des hommes. Mais que dit Le Livre Sacré au sujet de ce qui semble être l'un des chemins parmi les plus extraordinaires, mais aussi parmi les plus mystérieux?
Note : quoique chacun ait sa propre façon de s'exprimer dans la prière et de concevoir la méditation, l'auteur a souhaité porter à la connaissance du lecteur ce que dit la Bible. Parce que le Coran, les Védas, le Talmud, sont laissés de côté, il sera peut-être reproché à l'auteur de livrer un commentaire partiel (mais non partial). Si tel est votre sentiment, alors vous pouvez prendre cet exposé comme une expérience personnelle, un chemin vers l'intérieur que l'auteur a parcouru, une porte ouverte vers son âme. Boileau n'a t-il pas écrit : " ce qui se conçoit bien s'énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément " ?
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